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Leckhna Sewcoomar: Le 30/10/2025 à 14:44 | MAJ à 30/10/2025 à 15:43
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Publié : Le 30/10/2025 à 14:44 | MAJ à 30/10/2025 à 15:43
Par : Dooshina Appigadu

À 1,5 km au large de La Gaulette, sur la côte ouest de Maurice, l’Île aux Bénitiers s’apprête à entrer dans une nouvelle ère avec la mise en œuvre d’un Master Plan pour la zone de loisirs, visant à encadrer le développement touristique tout en protégeant un écosystème parmi les plus sensibles du pays.

S’étendant sur 155 arpents, l’île attire chaque jour entre 3 000 et 4 000 visiteurs en haute saison, dont de nombreux touristes et Mauriciens. Mais cette popularité a un revers : saturation du site, problèmes sanitaires, déchets mal gérés, constructions illégales (171 recensées en mars 2025) et dégradation accélérée de l’environnement.

Face à ce constat, les autorités ont amorcé un plan de réhabilitation pour rendre l’île plus propre et durable, tout en garantissant la survie de sa biodiversité unique. Une zone temporaire de 2A18P (9 200 m²) a été délimitée pour accueillir les activités encadrées de 57 opérateurs autorisés par le Conseil de district de Rivière-Noire, avec des installations sanitaires adaptées.

Selon une étude menée en juin 2025 par la National Parks and Conservation Service (NPCS), l’Île aux Bénitiers abrite une biodiversité exceptionnelle, incluant plusieurs espèces endémiques et migratrices en danger critique d’extinction.

Une zone de 15A43P sera dédiée aux activités de loisirs durables dans le cadre du Master Plan, tandis que le reste du territoire – 139A57P – sera proclamé Réserve spéciale, placée sous la responsabilité du NPCS, conformément au Native Terrestrial Biodiversity and National Parks Act 2015.

Avifaune :

Onze espèces d’oiseaux ont été recensées, dont une endémique, trois indigènes, deux migratrices et cinq exotiques. Malgré la période hors migration, 66 courlis cendrés (Numenius phaeopus) et 8 gravelots de Leschenault (Charadriusleschenaultii) ont été observés se nourrissant sur le banc de sable au nord de l’île.

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Flore :

L’étude a identifié 129 espèces végétales, dont 70 % sont des espèces envahissantes telles que Leucaenaleucocephala, Casuarina equisetifolia (filao), Passiflorasuberosa (liane poc-poc) et Flacourtiaindica (prune).

Seize espèces sont endémiques ou indigènes, dont Phyllanthus revaughanii, Lyciummascarenense, Guilandina bonduc et Diospyrosegretarrum, classées en danger critique d’extinction (CR) sur la Liste rouge de l’UICN. L’île abrite d’ailleurs les plus grandes populations connues de certaines de ces espèces à Maurice.

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Mammifères :

La présence de chauves-souris frugivores mauriciennes (Pteropusniger) a été confirmée, ainsi que d’espèces invasives comme les musaraignes asiatiques (Suncusmurinus) et deux chats harets, représentant une menace directe pour la faune locale.

Le taux d’infestation par les rongeurs est estimé à 61 %, indiquant la nécessité de renforcer les mesures de contrôle déjà initiées par le ministère de la Santé.

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Reptiles et invertébrés :

Un gecko orné endémique (Phelsumaornata) a été observé, ainsi que deux espèces invasives : Hemidactylusfrenatus et Calotesversicolor. Le gecko à queue bleue (Phelsumacepediana), autrefois présent, n’a pas été retrouvé.

L’étude signale également 67 espèces d’insectes et d’arachnides, témoignant d’une richesse écologique importante, ainsi que la présence de deux zones humides intérieures où évoluent libellules et demoiselles.

Les principes directeurs du Master Plan :

•        Alignement avec les cadres nationaux d’aménagement et de protection de l’environnement.

•        Reconnaissance du site comme zone écologiquement sensible (ESA), conformément à l’Environment Act 2024.

•        Mise en place d’un quota strict de visiteurs et d’opérateurs pour préserver l’équilibre naturel.

•        Participation active des communautés locales dans la gestion et les initiatives de préservation.

Les conclusions du rapport confirment que l’Île aux Bénitiers représente une valeur écologique majeure et doit être gérée avec une approche intégrée alliant tourisme raisonné, restauration écologique et suivi scientifique continu.

Un plan de gestion de la conservation de la biodiversité, chiffré et structuré, sera mis en place pour guider les actions à long terme dans la réserve spéciale.

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