La motion de remise en liberté sous caution de l’homme d’affaires malgache Mamy Ravatomanga a de nouveau été appelée devant la Bail and Remand Court ce mercredi 24 décembre. Comme lors de l’audience précédente, l’accusé a suivi les débats en visioconférence depuis la prison de haute sécurité de Melrose. Initialement fixée à 9h30, l’audience a accusé un léger retard en raison de problèmes de connexion avec l’établissement pénitentiaire, avant de reprendre vers 9h50.
Mamy Ravatomanga était assisté par ses conseillers légaux, Mes Joy Beeharry et Khushal Lobine. Le contre-interrogatoire du Chief Investigator Jokhoo, de la Financial Crimes Commission (FCC), s’est poursuivi. Interrogé par Me Beeharry sur la durée de l’enquête, l’enquêteur en chef a indiqué qu’il n’était pas en mesure de préciser quand celle-ci serait bouclée, tout en assurant qu’elle serait complétée « dans un court délai ». Il a expliqué que l’« avalanche d’éléments de preuve » n’avait pas encore été soumise à l’accusé, la FCC attendant la finalisation des analyses et l’obtention d’informations complémentaires avant de procéder. Il a toutefois confirmé que Mamy Ravatomanga nie l’ensemble des accusations portées contre lui.
Devant la cour, le Chief Investigator Jokhoo a également confirmé que l’homme d’affaires était entré à Maurice avec son véritable passeport, et non un document falsifié, et qu’il s’était toujours présenté devant la FCC lorsqu’il en avait la possibilité. Après avoir obtenu une autorisation médicale, il était disponible pour les besoins de l’enquête, a-t-il précisé.
L’enquêteur est revenu sur l’émission, en octobre 2025, d’un Criminal Attachment Order (CAO) visant des avoirs liés à Mamy Ravatomanga, dans le cadre d’une enquête pour blanchiment d’argent portant sur environ Rs 7,3 milliards. La FCC cherche à établir la nature exacte des opérations effectuées et l’origine de transferts, crédités sur plusieurs comptes bancaires mauriciens avant l’arrivée précipitée de l’homme d’affaires en provenance de Madagascar.
Concernant les trois protagonistes accusés d’avoir conspiré avec Mamy Ravatomanga — Nasser Bheeky, David Thomas et Junaid Fakim — actuellement en liberté conditionnelle, le Chief Investigator Jokhoo a indiqué qu’ils avaient été libérés sous caution une fois l’enquête de la FCC les concernant complétée. « Ils ont été libérés en l’absence de toute objection de la FCC », a-t-il souligné.
Le Chief Investigator Jokhoo a aussi précisé que le requérant faisait l’objet d’une surveillance policière lorsqu’il n’était pas en détention.
Au cours des débats, le représentant légal de la FCC a également évoqué l’exfiltration de Carlos Ghosn du Japon vers la Turquie à bord d’un jet privé appartenant à une compagnie aérienne dirigée par Mamy Ravatomanga, accusant ce dernier d’avoir facilité cette opération. Il a par ailleurs fait référence à des exportations de letchis, de blé et de bois de santal de Madagascar vers Maurice, estimant que l’homme d’affaires aurait facilité des opérations de blanchiment d’argent à Maurice en tant qu’administrateur de la compagnie impliquée, évoquant des transactions illégales.
De son côté, Me Joy Beeharry a attiré l’attention de la cour sur quatre dossiers de charges provisoires impliquant la FCC et d’autres parties accusées, à savoir Sanjiv Ramdanee, Premchand Mungur, Li Hai et Sattar Hajee Abdoula. L’avocat a soutenu vouloir démontrer que la FCC agirait de manière discriminatoire à l’égard de son client, rappelant que, selon la jurisprudence, le principe d’uniformité devrait s’appliquer à tous les justiciables.
La Bail and Remand Court rendra son ruling le mardi 30 décembre 2025.