
Dans la nuit du samedi 11 au dimanche 12 octobre, vers 1h du matin, un jet privé immatriculé 5RHMR, opéré par Trans Ocean Airways (TOA), a été contraint d’effectuer un atterrissage d’urgence à l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam, à Plaisance. L’appareil aurait effectué plusieurs tours dans l’espace aérien mauricien avant d’obtenir l’autorisation d’atterrir. À bord se trouvaient sept passagers, parmi lesquels l’ancien Premier ministre malgache Christian Ntsay et l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga, accompagnés de leurs épouses, ainsi que six membres d’équipage.
Cet atterrissage nocturne a suscité de vives réactions, notamment au sein de la “Génération Z Malagasy Maurice”, un collectif de la diaspora malgache basé à Maurice.
Suite à une plainte déposée auprès de la Financial Crimes Commission (FCC), cette dernière a demandé au Passport and Immigration Office (PIO) l’établissement d’un Report on Departure, afin d’être immédiatement informée en cas de tentative de départ de Mamy Ravatomanga du territoire mauricien.
Les autorités de l’aviation civile mauricienne rappellent que Maurice, signataire de la Convention de Chicago depuis le 14 mai 1969, ne peut refuser l’atterrissage d’un avion privé lorsqu’il émet un appel de détresse humanitaire ou technique.
Cette convention internationale impose en effet à tout État contractant d’accorder un accès d’urgence à ses aéroports en cas de force majeure, comme une défaillance mécanique, un problème de santé à bord ou une urgence diplomatique.
Il nous revient qu’une plainte aurait été déposée à la Financial Crimes Commission (FCC) par un ressortissant malgache à l’encontre de Mamy Ravatomanga, pour des malversations financières présumées.
Ce développement soulève plusieurs interrogations :
- Une plainte peut-elle justifier une restriction de mouvement sur une base non fondée ?
- Les autorités mauriciennes peuvent-elles intervenir contre un individu détenteur d’un passeport diplomatique ?
- En l’absence d’un mandat d’arrêt international, une telle action serait-elle juridiquement possible ?
Des sources proches du dossier précisent que Mamy Ravatomanga, de nationalité malgache et ivoirienne, détient un passeport diplomatique et a été autorisée à entrer à Maurice officiellement. Ce statut lui confère certains privilèges.
Originaire de Morondava, Mamy Ravatomanga est le fondateur du groupe SODIAT, un conglomérat actif dans le transport, la presse, l’immobilier et le commerce. Proche du président Andry Rajoelina, il est considéré comme l’un des hommes les plus influents de Madagascar.
Selon nos sources, Mamy Ravatomanga aurait également des intérêts à Maurice, notamment dans le secteur hôtelier et immobilier, ce qui pourrait expliquer sa présence fréquente dans la région.
Des voix s’élèvent pour dénoncer une possible instrumentalisation politique :
« Les autorités mauriciennes doivent faire la part des choses entre les rivalités politiques malgaches et le respect du droit international. On ne peut pas limiter la liberté d’un homme sans base légale solide », confie une source proche du dossier.
En effet, selon le principe juridique prima facie, une plainte doit être soutenue par des éléments crédibles pour justifier l’ouverture d’une enquête. Sans preuve tangible ni mandat international, les autorités locales ne peuvent légalement interdire ou restreindre la liberté de mouvement d’un individu détenteur d’un statut diplomatique reconnu.
Le Premier ministre par intérim, Paul Raymond Bérenger, a annoncé la tenue d’une conférence de presse ce mercredi 15 octobre, au cours de laquelle il devrait commenter l’enquête menée par le Secrétaire au Cabinet sur l’affaire de jets privés en provenance de Madagascar.