
Dans une démarche aux implications géopolitiques et économiques majeures, la République de Maurice a officiellement réitéré sa demande auprès des Nations Unies pour l’extension de son plateau continental de 183 000 km² autour de l’île Rodrigues.
Cette requête, soumise à la Commission des limites du plateau continental (CLCS), s’inscrit dans la stratégie globale du pays visant à consolider sa souveraineté maritime.
Au-delà de l’aspect juridique, cette initiative vise à garantir un accès potentiel à d’immenses gisements de nodules polymétalliques contenant du cobalt, du nickel et des terres rares — des ressources essentielles dans la course mondiale à la transition énergétique et à la suprématie technologique.
Face à la demande croissante en métaux indispensables à la fabrication de batteries, de semi-conducteurs et de technologies vertes, Maurice prend une longueur d’avance.
En renforçant ses droits souverains sur une vaste zone sous-marine autour de Rodrigues, Port-Louis cherche à anticiper l’exploration et l’exploitation futures de ces ressources, tout en affirmant son rôle dans l’architecture maritime émergente de l’océan Indien.
Selon les autorités mauriciennes, la demande s’appuie sur des études géologiques et océanographiques approfondies démontrant l’extension naturelle du plateau continental au-delà des 200 milles nautiques actuels.
Ce type d’extension est prévu par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS), mais reste politiquement sensible dans les zones stratégiques à forte valeur.
Dans ce contexte, Maurice s’inscrit dans une tendance observée chez plusieurs petits États insulaires : transformer leur zone économique exclusive (ZEE) en atout géopolitique capable d’attirer des investissements, de gérer la compétition future autour des ressources, et de renforcer leur autonomie stratégique.
Longtemps considéré comme périphérique, l’océan Indien s’impose désormais comme un carrefour stratégique dans la compétition mondiale pour l’influence.
Avec la présence navale croissante de la Chine, le regain d’intérêt de l’Inde, les bases militaires occidentales et l’engagement accru des États côtiers africains, le contrôle des ressources des fonds marins prend une dimension sécuritaire.
La revendication de Maurice pourrait ouvrir la voie à de nouveaux cadres de coopération régionale, mais elle risque également de susciter des tensions si des intérêts rivaux émergent autour des droits d’exploration et d’extraction.
Selon l’African Security Analysis (ASA), cette initiative s’inscrit dans une vision à long terme, alliant sécurisation des ressources critiques, affirmation de la souveraineté maritime et positionnement stratégique dans l’équilibre des puissances futures de l’océan Indien.
Face à une demande mondiale en pleine explosion pour les minéraux stratégiques, Maurice ambitionne de passer du statut de petit État insulaire à celui d’acteur central dans la gouvernance maritime et la diplomatie des ressources.