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Keshinee: Le 03/11/2025 à 08:23 | MAJ à 03/11/2025 à 08:25
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Publié : Le 03/11/2025 à 08:23 | MAJ à 03/11/2025 à 08:25
Par : Dorothy Bonnefemme

La dépendance de Maurice envers les Producteurs Indépendants d’Électricité (IPPs) revient au cœur du débat. Si ces partenaires privés contribuent depuis près de trois décennies à la stabilité du réseau, leur poids grandissant dans la production nationale soulève de sérieuses interrogations.

Vers la mi-octobre, le réseau national a frôlé la rupture. Deux moteurs appartenant à un IPP sont tombés en panne, représentant une perte de 56 MW, auxquels se sont ajoutés 30 MW perdus à la centrale thermique de Fort George et la mise hors service d’un moteur de la centrale de Savannah. Résultat : la capacité nationale de production est tombée à 445 MW, alors que la demande en heure de pointe atteignait 465 MW.

Cette situation a contraint le Central Electricity Board (CEB) à recourir à des mesures d’urgence et a amené les observateurs à se demander si les IPPs sont la colonne vertébrale du système…ou son talon d’Achille ?

Car, en 2024, les IPPs ont assuré plus de la moitié (50,4 %) de la production énergétique nationale. Selon les chiffres du CEB : 39,4 % à partir du charbon, 6,7 % de la biomasse,3,9 % du solaire et 0,4 % de l’éolien et les principaux producteurs sont Terra (Nord), Omnicane (Sud) et Alteo (Est). Mais leur influence croissante nourrit un malaise : l’État, via le CEB, dépend d’entités privées pour assurer l’accès à un service public essentiel.

Interrogé, le nouveau Acting General Manager, du CEB Shamshir Mukoon reconnaît qu’un générateur de Savannah est hors service depuis plusieurs mois.

Cela a causé un déficit de production que le CEB a géré avec ses réserves. Il explique que les IPPs sont pénalisé d’après les types de contrat qu’ils ont signé. Certains seront pénalisés par apport à leur disponibilité annuelle garanti dans leur contrat respectif et d’autres seront pénalisés en termes d’heures d’indisponibilité mensuelle.

Concernant les tarifs auxquels le CEB achète l’électricité aux IPPS, Shamshir Mukoon explique qu’un appel d’offre est généralement lancé par le CEB après un exercice de prévision de la demande. Ensuite les offres sont soumises au « Competitive Bidding Exercise » et le projet est alloué au promoteur qui est “technically responsive” et avec l’offre la plus basse. Il y a certains contrats IPPs (Bagasse / Charbon) qui ont été négociés en gré à gré avec des paramètres bien établis. Le CEB assure que les risques des contrats soient équilibrés et les marges de profits raisonnables.

Par ailleurs, plusieurs de ces contrats arrivent bientôt à échéance. Le CEB affirme qu’ils seront renégociés et renouvelés sous la supervision du conseil d’administration.

Pour Shamshir Mukoon, il ne s’agit pas d’une dépendance, mais d’une collaboration nécessaire. C’est un partenariat public-privé équilibré. Les IPPs contribuent à alléger le fardeau d’investissement du CEB et de l’État.

Mais certains spécialistes et observateurs prônent une démocratisation du secteur d’énergie avec plus d’opérateurs privés ou même des formules BOT (Build Operate Transfer) ou PPP (Public Private Partnerships) pour que ce secteur stratégique soit compétitif et soutenable pour le public.