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Khoushal: Le 24/08/2025 à 19:50 | MAJ à 24/08/2025 à 19:51
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Publié : Le 24/08/2025 à 19:50 | MAJ à 24/08/2025 à 19:51
Par : Dooshina Appigadu

Le Recensement agricole 2024 (CA2024), couvrant la période de juillet 2023 à juin 2024, dresse un portrait détaillé de l’agriculture à Maurice et Rodrigues. Si le pays compte 24 145 exploitations agricoles (hors canne à sucre et thé), dont 19 246 à Maurice et 4 899 à Rodrigues, ces chiffres révèlent surtout les fragilités d’un secteur dominé par les petites exploitations familiales (99 % dans le secteur des ménages).

Le recensement dénombre 29 200 parcelles à Maurice et 6 000 à Rodrigues, exploitées par les ménages. Ce morcellement extrême limite la mécanisation, freine les investissements et maintient une faible productivité. Dans un contexte de hausse des prix alimentaires et de forte dépendance aux importations, cette fragmentation interroge la capacité du pays à garantir sa sécurité alimentaire.

À Maurice, les petits producteurs dépendent encore largement de locations ou de baux, alors que les exploitations non ménagères restent majoritairement propriétaires. Cette précarité foncière réduit les possibilités d’investissement et compromet la planification à long terme.

Les cultures temporaires dominent le paysage agricole : 73 % des terres ménagères à Maurice et 69 % à Rodrigues leur sont consacrées. Ces cultures, sensibles aux aléas climatiques, rendent le secteur particulièrement vulnérable aux sécheresses et aux cyclones, accentuant la pression sur les marchés alimentaires locaux.

Le recensement révèle un déséquilibre marqué : Maurice produit près de 5 millions de poulets de chair (broiler), contre seulement 91 000 à Rodrigues. À l’inverse, Rodrigues surpasse Maurice en volailles locales (122 000 contre 13 000). Ce déséquilibre souligne l’absence d’une stratégie coordonnée de production inter-îles.

À Rodrigues, 62 % des exploitations ménagères pratiquent l’agriculture mixte, signe d’une volonté d’autosuffisance. Mais la dépendance aux terres de l’État et les superficies limitées freinent le développement durable.

Le recensement 2024 confirme que l’agriculture mauricienne et rodriguaise est fragile, morcelée et vulnérable, coincée entre dépendance foncière, cultures temporaires dominantes et déséquilibres dans l’élevage. Les enjeux sont clairs : sécuriser l’accès aux terres, moderniser les exploitations, diversifier les cultures et bâtir une véritable souveraineté alimentaire. Les agriculteurs attendent désormais des politiques gouvernementales concrètes, capables de renforcer la résilience du secteur face aux défis climatiques et économiques.