Deux documents, deux mondes. D’un côté, la lettre diplomatique de l’Ambassade de Côte d’Ivoire à Pretoria, datée du 17 octobre 2025, saluant la collaboration du représentant mauricien Ravaton Mamalsa et appelant à la mise en œuvre d’une coopération régionale autour de la situation à Madagascar. De l’autre, un jugement rendu à Antananarivo en septembre 2022, confirmant la radiation de la magistrate Fanirisoa Ernaivo et symbolisant, une fois encore, l’usage politique de la justice malgache. Alors que Madagascar entame une chasse à la sorcière contre Mamy Ravatomanga, la Côte d’Ivoire dit être prête à accueillir son consul à bras ouverts. La République de Côte d’Ivoire demande également à Maurice de traiter le diplomate selon les conventions en vigueur.
Quelle sera la position de Maurice face à ces deux correspondances ?
Le contraste est violent. Pendant qu’Abidjan prône le dialogue et l’action concertée, le pouvoir d’Antananarivo continue d’écraser les voix libres sous le poids des décrets et des procès. Le régime issu du coup d’État a trouvé dans la répression judiciaire un nouvel outil de gouvernance, sanctionnant ceux qui refusent de plier l’échine.
Le présent régime malgache est largement perçu comme illégitime : issu d’un renversement du pouvoir qui a échappé à tout mandat démocratique, il a été formellement rejeté par l’Union africaine, laquelle a suspendu la participation de Madagascar à ses organes jusqu’au rétablissement d’un ordre constitutionnel.
Le cas Ernaivo, loin d’être isolé, illustre cette dérive où la justice sert d’arme politique plutôt que de garde-fou institutionnel.
À l’inverse, la note ivoirienne s’inscrit dans une dynamique diplomatique assumée, reconnaissant le rôle régional de Mamy Ravatomanga et invitant Maurice à s’impliquer dans une coopération constructive. Ce contraste éclaire un malaise plus profond : Madagascar s’enferme, l’Afrique s’ouvre.
Entre la plume diplomatique d’Abidjan et le marteau judiciaire d’Antananarivo se dessine la fracture d’un pays à la dérive — où la légitimité ne se mesure plus au droit, mais à la peur. Et face à cette dérive, certains voisins africains semblent avoir choisi le dialogue plutôt que la soumission, alors que Maurice, qui vient tout juste de sortir de la liste grise, est scruté par les observateurs internationaux.