
Alors que Maurice affiche l’un des taux de participation électorale les plus élevés du continent africain, un autre constat s’impose : les Mauriciens se détachent de plus en plus des partis politiques. C’est ce que révèle une enquête Afrobarometer entre 2021 et 2023, qui met en lumière un paradoxe démocratique frappant.
Malgré un taux de participation de 86 % lors des élections générales de 2019, seuls 18 % des Mauriciens déclarent ressentir un attachement à un parti politique : l’un des taux les plus bas en Afrique. La proportion de ceux partageant ce sentiment a augmenté de 14 points de pourcentage entre 2012 et 2024, passant de 67 % à 81 %.
Pourtant, l’intérêt pour la politique reste fort : 63 % des Mauriciens affirment en discuter régulièrement ou à l’occasion. Mais cet intérêt ne se traduit pas nécessairement par un engagement actif. De 2021 à 2023, seuls 20 % des répondants disent avoir assisté à une réunion communautaire au cours de l’année écoulée, et 27 % ont pris part à une action collective pour faire entendre leur voix. Pire encore, 76 % des
Mauriciens déclarent qu’ils ne participeraient jamais à une manifestation, l’un des plus hauts taux de désengagement protestataire en Afrique. En revanche, le recours aux
parlementaires connaît une légère progression : 20 % des Mauriciens ont contacté un député en 2024, contre 10 % en 2012.
Enfin, malgré un accès à Internet parmi les plus élevés du continent chez les jeunes, seulement 6 % des 18‑35 ans disent avoir utilisé les réseaux sociaux pour publier des contenus politiques ou communautaires.
Ces chiffres révèlent une démocratie mauricienne paradoxale : électoralement dynamique, mais de plus en plus distante de ses structures partisanes et de ses formes classiques d’engagement politique.