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Jesna Appa: Le 03/10/2025 à 11:17 | MAJ à 03/10/2025 à 11:21
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Publié : Le 03/10/2025 à 11:17 | MAJ à 03/10/2025 à 11:21
Par : Vanessa Mathews Saramandif

Des foules continuent de battre le pavé à Madagascar, réclamant le départ du président Andry Rajoelina. Jeudi, plusieurs grandes villes ont vu des milliers de manifestants défiler, impatients de connaître l’identité du futur Premier ministre, alors que le président s’était donné trois jours depuis lundi pour examiner les candidatures.

Après une accalmie dans la capitale, les organisateurs annoncent un nouveau rassemblement aujourd’hui à 11h dans le quartier central d’Ambohijatovo, à Antananarivo. Si la contestation a commencé le 25 septembre pour dénoncer les coupures incessantes d’eau et d’électricité, elle s’est rapidement transformée en une demande générale de départ du chef de l’État.

Dans le nord, à Antsiranana, les jeunes n’ont pas attendu la capitale : des milliers ont pris les rues, selon une équipe de l’AFP. Mahajanga et Toliara ont également connu des rassemblements de centaines de personnes, certains manifestants simulant même des funérailles pour le président. À Sambava, cœur de la région vanillière, les habitants descendent dans la rue pour la première fois depuis le début des mobilisations, provoquant l’instauration d’un couvre-feu nocturne.

Le mouvement Gen Z, principal acteur de ces manifestations, a publié une vidéo pour expliquer ses revendications. « Nous sommes une génération prête à changer le cours de l’histoire malgache », déclare un jeune,

casquette de baseball vissée sur la tête. Une autre ajoute : « Madagascar mérite une vie bien meilleure. Aujourd’hui, nous sommes pauvres malgré la richesse de notre pays. »

Malgré le limogeage du gouvernement annoncé lundi pour apaiser les tensions, la colère ne faiblit pas. Les protestataires dénoncent l’incapacité de Rajoelina à garantir l’État de droit et la justice sociale. Les affrontements avec les forces de l’ordre ont déjà fait au moins 22 morts et des centaines de blessés, selon l’ONU, tandis qu’Amnesty International dénonce une attaque violente contre le droit de manifester pacifiquement.

Face à cette crise, six pays, dont la France, ont appelé à un « dialogue constructif » pour sortir pacifiquement de la situation. Les syndicats, notamment ceux de la société nationale de distribution d’eau et d’électricité, ont appelé à la grève générale, et l’opposition demande unanimement la démission du président, 51 ans, ancien maire d’Antananarivo et magnat des médias.

La mobilisation a suscité l’inquiétude du Pape Léon XIV, qui a appelé à éviter toute forme de violence et à promouvoir l’harmonie sociale et la justice. Les évêques malgaches ont exprimé leur solidarité envers les victimes et condamné la violence, qu’elle émane des forces de l’ordre ou des manifestants. « Si nous nous battons à l’intérieur, notre Madagascar sera noyé », avertissent-ils, en appelant chacun, et particulièrement les responsables politiques, à écouter avec compassion ceux qui souffrent.

Sur le plan touristique, la situation influence les comportements : les voyageurs évitent la capitale mais restent dans certaines stations balnéaires comme Nosy Be, où le calme persiste. Les commerçants,

dépendants du tourisme, hésitent à manifester de peur de perdre des revenus, et les compagnies aériennes continuent d’assurer les vols, tout en constatant un léger déplacement vers le nord de l’île.

En somme, la pression de la Génération Z reste intacte. Le mouvement exige toujours la démission du président, et rien n’indique que les manifestations s’éteindront dans les prochains jours, alors que le pays reste confronté à une crise sociale profonde.