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Keshinee: Le 19/08/2025 à 08:09 | MAJ à 19/08/2025 à 08:11
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FCC MAURITIUS
Publié : Le 19/08/2025 à 08:09 | MAJ à 19/08/2025 à 08:11
Par : La Redaction

Mis en place depuis plusieurs décennies, le Reward Money devait encourager la collaboration dans la lutte antidrogue en récompensant policiers et informateurs.

Sur le papier, le dispositif reposait sur des critères stricts : valeur des saisies, risques encourus, fiabilité des renseignements. Géré par les chefs d’unités engagées dans la lutte contre le trafic de drogue et par les différents commissaires de police qui se sont succédé, ce système a cependant révélé de profondes faiblesses.

Suspendu en 2014 pour soupçons de fraude, il fut relancé en 2016. Mais malgré un encadrement renforcé, les zones d’ombre persistaient, alimentant le doute.

En 2020 puis en 2021, des amendements ont été introduits afin de consolider les dispositifs prévus sous les Standing Orders. Le Standing Order 122 permettait désormais le versement des paiements dès qu’un rapport du Forensic Laboratory confirmait la nature des drogues saisies, sans attendre la décision du tribunal. Le Standing Order 122A a ensuite été instauré pour encadrer spécifiquement les récompenses aux policiers. Si les procédures se sont multipliées — formulaires, vouchers, signatures en cascade — l’anonymat restait total et les documents, classés « secret », pour la protection et la sécurité des informateurs.

La FCC frappe fort

Ces dernières semaines, l’affaire a pris une tournure spectaculaire.

La Financial Crimes Commission (FCC) a procédé à l’arrestation de plusieurs hauts gradés de la police, soupçonnés d’avoir validé ou perçu des paiements frauduleux.

Parmi eux : l’ancien chef de la défunte Special Striking Team (SST), le surintendant Ashik Jagai, mais aussi l’ACP Lilram Deal, l’ACP Dunraz Gangadin, l’ASP Faraaz Mooniaruth et le sergent Yeshdeo Seeboruth. Tous font face à des accusations de fraude et de blanchiment d’argent.

Certains s’interrogent même sur la nature des charges, dont “blanchiment”, car l’argent provient bel et bien des fonds publics et ce n’est pas la première fois qu’il est versé sur le compte personnel d’un officier de police pour ensuite payer les informateurs et policiers. Les faits reprochés remontent parfois à plusieurs années, mais l’effet de choc est réel : voir défiler en cellule des figures de l’état-major policier a marqué l’opinion.

Plus qu’un scandale de noms, une remise en cause du système

Derrière les scènes spectaculaires des arrestations, c’est tout le dispositif du Reward Money qui est remis en cause.

Depuis sa réintroduction en 2016, fallait-il ouvrir une enquête en profondeur ? La question se pose désormais avec insistance.

Une chose est sûre : cette affaire a ébranlé l’ensemble du système et fragilisé la lutte antidrogue.

Depuis décembre dernier, aucune grande saisie n’a été réalisée.

Nos côtes, autrefois décrites comme de véritables passoires, semblent soudain silencieuses.

Pas de cargaisons interceptées sur l’axe Madagascar – Réunion – Maurice. Pas de saisies sensationnelles.

Dans le milieu, les interrogations fusent :

• Les lanceurs d’alerte, les whistleblowers, se font-ils plus rares par peur d’être démasqués ?

• Les barons de la drogue opèrent-ils désormais sans crainte ?

• Que cache réellement cette affaire de Reward Money ?

Une affaire suivie de près par la population

L’opinion publique, fascinée autant qu’inquiète, attend des réponses. Mais si l’enquête n’expose pas toute la vérité, la population restera sur sa faim.