
En ce 18ᵉ jour de manifestations, Madagascar demeure plongé dans une instabilité sociale et politique profonde, déclenchée le jeudi 25 septembre 2025 par un mouvement de contestation qui s’est rapidement étendu à l’ensemble du pays, notamment à Antananarivo, la capitale.
Face à la pression croissante des manifestants et des membres de l’armée réclamant sa démission, le président Andry Rajoelina s’apprête à s’adresser à la nation ce lundi 13 octobre.
À l’origine de ce soulèvement : des coupures quasi quotidiennes d’eau et d’électricité, symboles d’un malaise plus large ressenti par une grande partie de la population. Ce ras-le-bol, initialement porté par la jeunesse — étudiants et collectifs citoyens — a rapidement gagné d’autres couches de la société.
Les revendications ont évolué au-delà des problèmes d’accès aux services essentiels pour dénoncer la pauvreté persistante, le coût de la vie élevé, le chômage massif et le sentiment d’un pouvoir politique déconnecté des réalités du pays.
Le président Andry Rajoelina est devenu la cible principale des protestations, notamment en raison de son projet controversé de briguer un troisième mandat, perçu comme une violation de la Constitution. Le gouvernement a tenté d’apaiser la situation en poussant le Premier ministre à la démission, remplaçant Christian Ntsay par Ruphin Fortunat Zafisambo. Toutefois, cette mesure a été jugée insuffisante par les manifestants.
Le bilan humain s’alourdit avec au moins 22 morts et plus d’une centaine de blessés, selon des sources proches de l’ONU. Des ONG dénoncent l’usage excessif de la force par les forces de l’ordre, bien que les autorités minimisent ces accusations.
Face à cette crise, le président a proposé un dialogue national, mais cette initiative est perçue avec scepticisme, jugée insuffisante sans garanties concrètes. Les manifestants exigent notamment le départ du président, la dissolution du Sénat et de la Commission électorale, ainsi qu’une refonte du système de gouvernance.
Les conséquences économiques sont déjà lourdes : le pays, dont l’économie était fragile, subit les blocages, la fuite des investisseurs et une baisse d’activité, notamment dans le secteur touristique, crucial pour Madagascar. Sur le plan social, les inégalités se creusent, et les secteurs de l’éducation, de la santé et de la sécurité alimentaire sont gravement affectés.
Dernièrement, un jet privé transportant au total sept passagers, dont Mamy Ravatomanga, proche du président, ainsi que d’autres figures du régime, a atterri à l’île Maurice après s’être vu refuser l’autorisation d’atterrir à La Réunion. Cet « atterrissage suspect », survenu dimanche à 00 h 47, a suscité une vive polémique auprès de la diaspora malgache à Maurice, regroupée sous la bannière « Génération Z Malagasy Maurice », qui a vivement dénoncé cet événement.