Depuis le début de l’année 2025, la hotline 188 a enregistré 681 appels, principalement émis par des enfants et adolescents âgés de 8 à 16 ans, confrontés à des pensées suicidaires. Une augmentation spectaculaire de 240 % par rapport à 2022. Selon Life Plus, 138 suicides ont été recensés en 2024, et déjà 112 cas entre janvier et août 2025.
Le cyberharcèlement et la pression des réseaux sociaux viennent accentuer cette détresse, posant la question : limiter l’accès des mineurs aux plateformes en ligne pourrait-il freiner cette tragédie, comme c’est déjà le cas dans des pays comme l’Australie, la France ou la Floride ?
Interrogé sur le sujet, le ministre des Technologies de l’Information et de la Communication, AvinashRamtohul, indique que le gouvernement envisage une loi inspirée de l’Online SafetyAct britannique pour mieux protéger les mineurs. Mais le projet, toujours en examen à la State Law Office, suscite déjà des débats.
« Le contexte mauricien est différent de celui de ces autres pays », précise le ministre. « Il faut équilibrer protection des jeunes et respect des droits fondamentaux, notamment la liberté d’expression. »
Maurice dispose déjà d’un arsenal légal pour lutter contre les abus numériques. L’article 46 de l’ICT Act, amendé en 2018, sanctionne sévèrement l’accès non autorisé à un système informatique ou l’interception illégale de communications, avec des peines pouvant atteindre 10 ans de prison et 1 million de roupies d’amende. Le texte couvre aussi l’envoi de messages obscènes, menaçants ou abusifs, ainsi que tout acte provoquant humiliation, anxiété ou désagrément.
Le ministre rappelle que « la loi existe, la police agit contre les infractions, mais la technologie évolue constamment. Les crimes en ligne se diversifient, et la législation devra elle aussi s’adapter à l’avenir. »
La psychologue et académicienne Dr Anjali Boyramboli estime que bannir les réseaux sociaux aux adolescents ne résoudra pas le problème. Selon elle, une telle mesure les couperait du monde actuel, de leurs interactions sociales et même de certaines ressources éducatives essentielles. « Cela freinerait leur créativité et leur apprentissage », prévient-elle.
Pour la spécialiste, la priorité doit être la sensibilisation : apprendre aux jeunes à protéger leur vie privée, à repérer les situations à risque et à réagir face aux commentaires hostiles.
Elle plaide aussi pour des campagnes de prévention régulières, sous forme de messages courts, directs et percutants, diffusés par les médias et coordonnés par le gouvernement.
Enfin, la Dr Boyramboli recommande d’introduire une option permettant de bloquer la circulation des données personnelles et de renforcer la loi afin de mieux sanctionner les abus en ligne.