
Le retour d’André Viljoen au poste de Chief Executive Officer (CEO) d’Air Mauritius, prévu pour le 15 octobre 2025, devrait marquer la fin de la gestion provisoire assurée par le Managing Committee, instauré sous la houlette de Kishore Beegoo et Dass Thomas, à la suite du départ de Charles Cartier en février dernier. Ce dernier, rappelons-le, poursuit actuellement la compagnie nationale pour rupture de contrat, réclamant Rs 90 millions de dommages.
Cette recomposition à la tête d’Air Mauritius ramène la compagnie vers un cadre de gouvernance formel et un centre décisionnel clairement défini — une étape nécessaire pour restaurer la confiance et la discipline managériale au sein du transporteur national.
Mais l’attention se déplace désormais vers Airport Holdings Ltd (AHL). Depuis la fin septembre 2025, Megh Pillay a été confirmé au poste d’Executive Chairman du holding. Une nomination qui pose une question de taille : quel est désormais le rôle de Dass Thomas, jusque-là présenté comme CEO ? Si Megh Pillay cumule la présidence et la direction exécutive d’AHL, la coexistence de deux dirigeants — Pillay et Thomas — devient une anomalie structurelle difficile à justifier, tant sur le plan de la cohérence managériale que du coût opérationnel.
Or, le CEO d’AHL est également membre de droit du conseil d’administration d’Air Mauritius. Il est donc attendu que Megh Pillay rejoigne prochainement le Board de MK, en remplacement de Dass Thomas.
Cette configuration pourrait entretenir une certaine confusion quant aux responsabilités exactes de chacun au sein du groupe AHL–MK et de ses filiales, notamment AML, ATOL et Mauritius Duty Free Paradise.
En l’absence d’une clarification officielle des rôles et des lignes hiérarchiques — autrement dit d’une véritable role clarity et d’un centre de redevabilité clairement identifié — il paraît difficile de croire que la bonne gouvernance et la stabilité institutionnelle soient pleinement rétablies dans l’écosystème d’AHL.
Reste à voir comment André Viljoen, reconnu pour sa rigueur et son redressement exemplaire de Fiji Airways, parviendra à composer avec ces chevauchements de fonctions et les contradictions de gouvernance qui minent la compagnie depuis le changement de gouvernement.
Des questions essentielles demeurent, qui interpellent l’ensemble du secteur public et, au premier chef, l’actionnaire majoritaire — l’État mauricien. Qui, aujourd’hui, est véritablement le commandant à bord d’Air Mauritius et de son holding ?
Une clarification urgente s'impose. Les décisions du prochain conseil d’administration, prévu aujourd'hui, seront sous le feu des projecteurs.
Affaire à suivre !