Mamy Ravatomanga, homme d’affaires malgache, a comparu le 6 novembre dernier devant la Cour de Port-Louis, accusé par la Financial Crimes Commission (FCC) de blanchiment d’argent et de trafic d’influence. Lors de cette audience, le magistrat Prashant Bissoon a ordonné sa détention policière, refusant de le laisser retourner à la clinique privée où il était hospitalisé sous surveillance depuis fin octobre.
Dès sa sortie du tribunal, Mamy Ravatomanga a été conduit en fauteuil roulant à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, où il a été admis en unité de soins coronariens pour observation. Il y reste hospitalisé depuis la nuit du 6 au 7 novembre sous étroite surveillance médicale. Malgré ses demandes, il n’a pas été autorisé à réintégrer la clinique Premium Care de Phoenix, où il était précédemment soigné.
Ce refus alimente les interrogations sur le respect de ses droits en détention : l’article 7 des Rights of Detainees in Police Custody des Standing Orders de la police mauricienne prévoit qu’un détenu peut demander à être soigné par son propre médecin privé. En maintenant Mamy Ravatomanga à l’hôpital public, loin de son médecin traitant, les autorités soulèvent des doutes quant à l’application de cette disposition.
L’affaire prend également une dimension diplomatique. Ravatomanga détient un passeport diplomatique en tant que consul honoraire de la Côte d’Ivoire (à Madagascar) – il exerce aussi cette fonction pour la Serbie. Selon la presse, une délégation ivoirienne était attendue à Maurice pour évoquer son cas. On s’interroge ainsi sur les implications de cette qualité : l’immunité diplomatique liée à un tel statut (même honoraire) pourrait-elle freiner les poursuites ? Comme le note Madagascar-Tribune, cette éventualité suscite un « spectre » juridique, bien que plusieurs juristes rappellent qu’un consul honoraire ne bénéficie que d’une immunité très limitée, liée à ses actes officiels. De fait, ses avocats précisent qu’il n’a, à ce stade, aucune immunité formelle invoquée à Maurice.
Cette situation inédite — au croisement du droit pénal, du droit de la santé et du droit international — place Ravatomanga au centre d’un débat public. Les autorités mauriciennes insistent sur la nécessité de poursuivre l’enquête sans privilège, tandis que le statut consulaire du prévenu ajoute un volet sensible aux suites de ce dossier.