Comment ne pas revenir sur ce qui s’est passé, vendredi, à Pointe aux Sables, où une centaine de maisonnettes en tôle et en bois ont été démolies. Leurs occupants se retrouvent soudainement sans un toit, après plusieurs semaines de confinement national et ses effets psychologiques et économiques.
La plupart d’entre n’ont pas travaillé depuis mars dernier, en raison des restrictions imposées par l’Etat. Et n’ont pu ramener suffisamment de revenus pour vivre décemment, eux et leurs familles. Ils/elles se sont débrouillés ; souvent grâce à l’aide des travailleurs sociaux et de l’entre aide communautaire. Le traumatisme vécu durant ces dernières semaines prend désormais une autre forme, celle de la peur, de l’incertitude et du désespoir. ; d’autant qu’il n’y a aucun signe que la situation va s’améliorer. Au contraire, nous sommes sortis d’une crise sanitaire pour entrer en plein dans une crise sociale encore plus grave. La pauvreté, la misère et la détresse vont s’accroitre. Avec leut lot de drames.
Il est vrai que le squat est un acte interdit par la loi. Personne n’a le droit d’occuper un terrain qui ne lui appartient pas. Et il n’est nullement dans notre intention de justifier ou d’encourager un acte illégal. Mais cela ne nous empêche pas de dénoncer la façon de faire des autorités concernées. Il y a la loi, le texte, certes ; mais il y a aussi l’esprit de la loi, le sens de l’équité et de la justice.
Le ministère aurait pu—et aurait dû– attendre le retour à la normale pour prendre une décision. Pourquoi cet empressement ? Pourquoi ? Surtout, me me dites pas que ces familles ont squatté les terres de l’Etat, le lendemain du confinement. Certains sans doute, mais pas la grosse majorité.
Question : est=ce que certains membres de l’Alliance Morisien, candidats ou pas, ont encouragé le squat de terres de l’Etat pour tenter de gagner des votes, en promettant de régulariser la situation après le scrutin de novembre 2019 ?
Est-ce que le ministre des Terres et du Logement, Steve Obeegadoo, n’a pas de cœur ? Ni de compassion, ni d’humanisme ? C’est une honte, la façon de faire du gouvernement. Encore que le MSM/ML et leurs alliés successifs, sont au pouvoir depuis 2014. C’est l’absence d’une politique de logement qui génère souvent le squat… et avec la tendance des politiciens à faire des promesses pour tenter de corrompre l’électorat, cela devient une spirale, un cercle vicieux.
Depuis minuit, hier (samedi 30 mai), le confinement national et le couvre-feu sanitaire ont été levés ; et encore une fois, nous nous retrouvons devant une épreuve : celle de maintenir la discipline, de respecter les consignes, les directives et les protocoles.
Si nous relâchons la vigilance, si nous baissons la garde, nous risquons une seconde vague. N’oublions pas le cas de Singapour, pourtant un pays où la population est supposément plus disciplinée que nous…Ils ont confiné, « déconfiné », et reconfiné, justement en raison d’une 2e vague de contaminations.
Souhaitons que cette fois encore, nous allons avoir un comportement responsable. Et qu’ensemble, nous ferons face aux conséquences et effets de la Covid=19 sur notre vie, notre société et notre économie.
Espérons aussi que les milliards transférés de la Banque centrale aux fonds de l’Etat, seront investis à bon escient, pour relancer l’économie et sauver l’emploi. Vraiment. Pour atténuer la crise et éviter une catastrophe sociale.
Espérons également que les squatters de Malherbes, Curepipe, ne subissent pas ce triste sort eux aussi. Nous le répétons : nous ne justifions pas le squat… nous n’encourageons pas non plus, les gens à occuper des terres qui ne leur appartiennent pas. Nous dénonçons tout simplement la façon de faire des autorités.
Mais les décideurs politiques et économiques, gouvernement et secteur privé, ont-ils vraiment changé ? Nous avons, hélas, des raisons de douter de leur bonne foi. Avec ce qui s’est passé ces derniers temps, notamment à Pointe aux Sables, mais aussi la dérive dictatoriale du régime, et sa propension à gaspiller l’argent qui ne lui appartient pas ; la gourmandise et la voracité des uns et des autres ; ou encore la tendance de nos dirigeants à revendiquer la paternité de tous les succès et à se prendre pour des héros, de grands « casseurs paquet », une image concoctée par des spin doctors et véhiculée par des klib de supporteurs orange…
Nous espérons aussi que Steve retrouve enfin son cœur sous les débris des maisons démolies.
*Ce texte est une version française de mon éditorial diffusé ce dimanche 31 mai, sur Top FM Radio, dans l’émission Kozé Do Mo Pep.