Permettez-moi de revenir sur le Covid–19 Bill et le Quarantine Bill qui seront votés aujourd‘hui au Parlementaprès trois jours de débats.
Beaucoup d’observateurs—syndicalistes, politiciens, l’opposition parlementaire et extra parlementaire, ONG, opinion leaders, médias, juristes, entre autres, ont dénoncé le caractère antidémocratique et anti–travailleurs de ces deux projets de loi…
Le Gouvernement nous dit que face à une situation d’urgence, il doit prendre des mesures d’urgence…surtout que nous allons vers un déconfinement graduel; un processus qui a commencé cette semaine, et qui devrait atteindre sa vitesse de croisière à partir du 1er juin.
Mais expliquez-moi l’urgence d’amender la loi régissant la Banque de Maurice ? On aurait pu attendre le prochain budget. Confinement ou pas, le ministère des finances devra présenter le budget national dans un délais raisonnable. Les fonctionnaires et autres conseillers/advisors sont payés pour ca, n’est–ce pas ? Certains observateurs estiment qu’en fait, il se servent du Covid 19 pour « vampiriser » davantage les réserves de la Banque centrale, au nom du développement. Question: quel développement ? Quel modèle ? Le même qu’avant ? Alors que rien ne sera comme avant …
L’autre aspect concerne la sévérité des sentences–amendes et emprisonnement— pour non-respect de la loi pendant le confinement et le couvre-feu, et durant le déconfinement graduel. Le Premier ministre l’a dit mercredi au Parlement que c’est grace à l’effort national, l’effort de tout un chacun, surtout des citoyens et citoyennes qui ont respecté les consignes, directives et protocoles instaurés par les autorités avec raison. Il y a eu, certainement, une poignée de récalcitrants et d’indisciplinés. Mais est-ce qu’il fallait vraiment imposer une amende de 200 000 roupies et une peine d’emprisonnement de cinq ans ? Non. C’est disporportionné. Unjuste. Pour beaucoup d’observateurs, la dérive dictatoriale s’accentue en se cachant derrière la pandemie… Le regime de Pravin Jugnauth est en train, en fait, de renforcer l’Etat policier.
Et finalement, le Covid 19–Bill propose plusieurs modifications à la Workers Rights Act. Permettez-moi de remonter le temps. Nous sommes en 2008, en pleine crise financière et économique mondiales. Le gouvernement d’alors–PTR/PMSD—introduit une série de réformes permettant, entre autres, de faciliter le licenciement, le rendre moins cher. En même temps, on offre un stimulus package aux entreprises, y compris à celles qui sont déjà au bord de la faillite en raison de leur mauvaise gestion. Supposément pou sauver l’emploi ; des mesure supposément temporaires, exceptionnelles, et qui ont duré plus de neuf ans quand–même… c’est à dire jusqu’à 2017 quand le gouvernement MSM/ML décide de réinstaurer les droits acquis des travailleurs, notamment les plus importants, à travers la Workers Rights Act. A l’époque, le secteur privé fait beaucoup de pressions, lobby, menaces déguisées, contre cette nouvelle législation. Mais le gouvernent ne cède pas. …
Depuis, le secteur privé a continué à demande l’abrogation de certaines dispositions de la Workers Rights Act…… à chaque fois qu’il en a l’opportunité. Et là, encore une fois, il se sert du Covod–19 pour avancer son proper agenda, avec la complicité de ses agents. Avec la disparition, même temporaire, du Redundency Board, et la remise en question des droits acquis, le licenciement sera plus facile et moins cher, comme en 2008. Mais en même temps, vous criez sur tous les toits que si nous ne prenons des mesures et dispositions nécessaires, nous risquons de perdre plus de 100 000 emplois. Alors, expliquez-moi la logique ?
Il ne faudrait pas oublier qu’après les grandes luttes sociales des années 70, les fameuses années de braise, nous avons réussi à mettre en place, graduellement, certaines institutions et certaines lois qui nous ont permis d’atteindre une certaine stabilité sociale … Et aujourd’hui, en pleine crise sanitaire et économique, on vienttoucher des droits acquis comme, par exemple, le paiement des heures supplémentaires et des congés annuels..Vous voulez quoi au juste ? Rendre l’emploi plus précaire ? Affaiblir le pouvoir de négociation du salarié ? Vous réunissez rous les ingrédients d’une crise sociale aigue ? Une explosion , voire même une catastrophe sociale..
En tout cas, selon plusieurs observateurs, la démarche du gouvernement n’est pas étonnante du tout. Quand ont sait qu’il compte beaucoup de partisans, pour ne pas dire agents, du grand capital… et de l’ultralibéralisme qui se sont réveillés soudainement…
Ce gouvernement compte aussi d’anciens militants qui pendant des années, ont critiqué/dénoncé la dérive dictatoriale et anti-travailleurs des régimes successifss, et plus particulièrement du MSM.. Je préfère ne pas faire de commentaire sur eux… tout en disant que l’histoire ne leur pardonnera pas. Si j’étais vraiment méchant, j’aurais ajouté ceci : ces gens-là ne méritent que le mépris.
Habib Mosaheb