Dans un récent édito, nous disions que le virus-ou plutôt les virus- qui ont infecté Air Mauritius, vont se propager et contaminer d’autres compagnies d’État. Les virus de la mauvaise administration, de la gestion approximative, des mauvaises décisions aussi, surtout quand il s’agit de l’argent des autres.
Par exemple, accorder des prêts notamment aux étrangers, sans aucune garantie ; ou sur la base de faux documents. Des milliards de roupies ont ainsi été englouties, sans compter les dettes de certains privilégiés qui ont été tout simplement « effacées ». La SBM a été tellement mal gérée qu’il n’est pas nécessaire de « monte lors montagne » pour savoir que tout cela a provoqué la baisse dramatique et spectaculaire des profits de cette institution bancaire. En deux ans, les profits sont passés de Rs.2, 5 milliards à seulement 15 millions de roupies.
Parallèlement, la masse salariale est passée elle, de 1,5 milliard de roupies en 2017, à 2,9 milliards en 2019. Alors que les membres du conseil d’administration ont empoché, eux, plus de 30 millions…
Du coup, les petits actionnaires qui ont investi une partie de l’argent gagné à la sueur de leur front, se sont retrouvé avec un gros manque à gagner.
Du coup, même les investissements de la NPF et du NSF ont subi eux aussi des manques à gagner de plusieurs centaines de millions de roupies.
Qui est responsable de cette catastrophe ? Qui a pris de mauvaises décisions ? Le conseil d’administration et le « top management », dont certains ont des liens ombilicaux, voire incestueux, avec le régime en place ? Des gens qui, comme à Air Mauritius, ont été nommés surtout en raison de leur proximité—ou même de leur intimité, avec le pouvoir en place ? Peu importe si on n’a pas les compétences requises, le plus important. C’est notre pedigree, c’est KI SANN-LA NOU ETE…
Voilà entre autres, les virus qui ont attaqué la SBM… et qui vont continuer à faire des dégâts et à faire pleurer les petits actionnaires. De vraies larmes et non pas les larmes hypocrites et cinématographiques de ceux qui viendront sans doute se déclarer attristés par ce qui est arrivé à la SBM.
Autre interrogation : quelle a été la responsabilité de la Banque centrale ?
Qui osera initier une enquête et prendre par la suite des sanctions contre les coupables, comme cela se fait normalement dans des compagnies normales ?
Habib Mosaheb.
*Ce texte est la version en français de mon éditorial diffusé ce dimanche 3 mai, sur les ondes de Top FM, dans notre émission Kozé Do Mo Pep.